Par: John Bikorvoser Éveilleur de conscience Cerveau Allumé/Jamais Édougu
Photo/D.R
La transition politique que traverse le Gabon, après des années de mauvaise gouvernance sous le régime d’Ali Bongo, suscite de nombreuses interrogations et inquiétudes. Alors que certains activistes, hier farouches opposants à l’ancien régime, semblent aujourd’hui silencieux face aux dérives de la nouvelle administration, il est légitime de se demander si ce silence est le reflet d’un reniement de leurs convictions passées ou d’une adaptation pragmatique à un nouvel ordre politique.
L’une des critiques majeures formulées par des figures telles que Monsieur Rekoula porte sur la contradiction apparente entre les discours d’hier et les comportements d’aujourd’hui. Ces activistes, autrefois champions de la justice et de la transparence, semblent fermer les yeux sur des décisions économiques et politiques discutables prises par le pouvoir de transition. L’explosion de la dette publique, avec une augmentation de 4 200 milliards de FCFA en seulement dix mois, est un exemple frappant de cette dérive. Comment justifier une telle accumulation de dettes, alors que les conditions de vie des Gabonais ne montrent aucun signe d’amélioration tangible? Où sont passés les fonds? À quoi ont-ils réellement servi?
Ces questions ne sont pas anodines. Elles touchent au cœur même de la légitimité de cette transition. Si les activistes d’hier, devenus aujourd’hui partisans silencieux, refusent de dénoncer ces dérives, ne participent-ils pas, de manière complice, à la perpétuation de l’injustice et de l’inefficacité qui minent le pays depuis des décennies? Leur silence est d’autant plus assourdissant que les réalités quotidiennes des Gabonais restent inchangées, voire se dégradent.
Le combat de Monsieur Rekoula n’est donc pas un « mauvais combat ». Au contraire, il s’agit d’un appel nécessaire à la conscience, à la morale et à l’éthique de ceux qui se sont érigés en porte-parole du peuple. Il rappelle que le véritable patriotisme ne consiste pas à soutenir aveuglément un pouvoir, quel qu’il soit, mais à défendre constamment les intérêts du peuple, même au prix de l’impopularité ou de l’isolement.
In fine, la question n’est pas de savoir si critiquer la transition est un acte de sédition, mais plutôt de se demander si le silence face aux injustices et aux dérives économiques n’est pas, en réalité, une trahison des idéaux pour lesquels tant de Gabonais ont lutté. Si la transition ne parvient pas à améliorer concrètement la vie des citoyens, alors il est du devoir de chacun, activiste ou non, de s’élever contre ces dérives et de rappeler que le véritable changement ne se mesure pas en discours, mais en actions concrètes et bénéfiques pour tous.