Pris sur le net.

Le soi-disant « coup de libération » proclamé par le Comité de Transition et de Réforme Institutionnelle (CTRI) et ses partisans, se révèle être marqué par une série d’actes de violence et de désespoir constants. Dans la nuit du lundi 3 juin 2024, un événement tragique est survenu : la mort par immolation d’un soldat rongé par la culpabilité, le déshonneur et la honte de servir un gouvernement qu’il juge plus ignoble que le régime précédent. Cet acte désespéré n’est pas seulement un cri de détresse personnel, mais un puissant symbole des tensions et frustrations croissantes au sein des institutions militaires et de la société gabonaise en général. Ce suicide met en lumière les nouvelles blessures collectives des Gabonais, résultant de neuf mois de gouvernance infructueuse du CTRI, qui n’a pas su panser les plaies laissées par 56 ans de régime de la famille Bongo.

Malheureusement, cet acte désespéré risque d’en appeler d’autres au sein même de la société gabonaise. La culpabilité ressentie parmi les membres de la Garde Républicaine et des forces armées gabonaises, est telle que la perception d’avoir trahi ses propres valeurs morales ou éthiques conduit certains à des actes extrêmes.

Pour un soldat, dont le rôle est intrinsèquement lié à la protection et au service de la nation, servir un gouvernement qu’il juge ignoble peut engendrer une dissonance cognitive insoutenable. Cette dissonance, entre les actions imposées par le devoir militaire et les valeurs personnelles, peut devenir un poids écrasant, menant à des actes extrêmes comme l’immolation de soi-même et de son enfant. Le désespoir ici est innommable. Le déshonneur ressenti par ce soldat est également un facteur critique. Dans la culture militaire, l’honneur est une valeur cardinale.

Servir un régime considéré comme illégitime peut susciter une profonde honte personnelle, exacerbée par l’isolement social et le manque de soutien psychologique adéquat, poussant l’individu à son autodestruction. La honte de ne pas pouvoir agir contre l’injustice et de se sentir trahi par ses propres dirigeants a alimenté cette spirale d’autodestruction. Mais soyons certain que ce symbole de désespoir sera ignoré ou dilué par ces mêmes dirigeants insensibles.

Le « coup de libération » proclamé par le CTRI, loin d’apporter la stabilité et la liberté promises, conduit à une répression et une instabilité accrues. La rhétorique pompeuse utilisée pour justifier le coup d’État masque mal leurs intentions sombres et opportunistes. Les soldats, en première ligne de cette transition politique, sont souvent manipulés pour servir des fins politiques ignobles, mettant leur loyauté et leur sens du devoir à rude épreuve. L’immolation par le feu devient alors le seul acte de protestation mais d’une extrémité redoutable, choisi pour sa puissante symbolique et son impact médiatique.

C’est un cri de détresse ultime destiné à attirer l’attention sur des injustices insoutenables et à éveiller les consciences. Dans ce contexte, l’immolation du soldat est une révolte contre un système corrompu et vendu, une tentative désespérée de regagner une forme de contrôle sur sa propre vie et son amour pour son pays. Cet acte n’est pas seulement une protestation contre les dirigeants politiques, mais aussi un message fort adressé aux camarades soldats et à la société dans son ensemble. Il expose ici la profondeur de la crise morale et éthique au sein de l’armée et appelle à une réflexion collective sur les valeurs et les principes qui doivent guider une véritable institution militaire.

La mort par immolation est une dénonciation visuelle et indélébile de l’hypocrisie et de l’injustice orchestrées par le CTRI, soulignant l’urgence de la situation au Gabon sous cette gouvernance. Je suis certain que son acte ne sera pas vain, bien que malheureusement il ne sera probablement pas honoré sous l’ère du CTRI.

Auteur : Errol Errol Veyrat