L’agenda du ministre gabonais de l’enseignement supérieur, Patrick Daouda MOUGUIAMA, arrimé aux activités officielles de la journée nationale l’enseignant, célébrée le 23 mars de chaque année, s’est heurté à la muraille infranchissable du piquet de grève des membres du syndicat national des enseignants et chercheurs, SNEC. Des grévistes chauffés à blanc, qui ont freiné des quatre fers toute hypothèse permettant au membre du gouvernement d’honorer de sa présence aux activités du jour. Le portail principal de l’Université Omar BONGO, ayant été tout simplement cadenassé à double tour, pour motif de grève. 

Résultat des courses, la manifestation officielle a été reportée sine die, après que le ministre de tutelle ait refusé de se laisser caporaliser par les partenaires sociaux, qui lui ont opposé résistance à l’accès dans l’enceinte de l’U.O.B par l’entrée principale. Vraisemblablement outré par cette ambiance conflictuelle, qui ne lui laissait que le choix de l’accès à l’U.O.B en mode catimini, via les voies secondaires, Daouda MOUGUIAMA a fini par décliner l’offre. L’entrée en scène comme médiateur dans cette brouille du secrétaire général du ministère en charge de l’enseignement supérieur, Tom Frédéric MAMBENGA YLAGOU, en vue d’obtenir la levée des verrous à l’ouverture du portail principal, n’a pas été payante. Même l’acte visiblement dissuasif dévoilant le déploiement aux abords de l’Université Omar BONGO d’un important contingent de l’unité spéciale d’intervention de la gendarmerie nationale, n’a pas été suffisant pour faire trembler ces fidèles du temple du savoir, remontés contre l’inaction de leur tutelle face à leurs revendications.

Selon la vice-présidente du syndicat national des enseignants et chercheurs du Gabon, Nathalie SIMA EYI, cette radicalisation de position est consécutive au mépris affiché par le ministre Patrick Daouda MOUGUIAMA, face aux préoccupations syndicales exprimées par le SNEC. Des points de blocage, qui plombent depuis plusieurs semaines l’ouverture des négociations entre les parties.

Le syndicat national des enseignants et chercheurs a mis à profit cette journée nationale de l’enseignant, pour saluer l’engagement sacrificiel de son président, Jean Rémy YAMA, victime de harcèlement judiciaire, à l’origine de son incarcération à la prison centrale de Libreville, malgré la vacuité du dossier d’accusation.

Un vibrant hommage a par ailleurs été rendu aux figures iconiques de la lutte syndicale pour l’amélioration des conditions de vie de l’enseignant au Gabon, avec un point d’honneur mis sur Martine OULABOU, dont l’assassinat le 23 mars 1992 à 33 ans, lors d’une manifestation pacifique pour les meilleurs conditions d’apprentissage au Gabon, a motivé, cet assassinat toujours non élucidé, la célébration depuis lors de cette journée nationale de l’enseignant. La mémoire de Louis Patrick MOMBO, ancien Secrétaire General de la Convention nationale des syndicats du secteur éducation, Conasysed, a également été saluée par le SNEC. Louis Patrick MOMBO, fer de lance du combat pour la justice sociale, est tombé les armes à la main le 30 novembre 2021, en pleine fièvre d’une grève contre l’arbitraire dans le secteur éducatif.

mazleckinfo@mars 2022