Dans une envolée tribunitienne au parfum de déni de droit syndical, lors de son périple presidentiel dans la province de l’Ogooué Lolo, le Président de la transition, Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, a publiquement décliné son aversion pour l’article 15 du Code du travail gabonais, qui consacre le droit de grève en République gabonaise.  » Je suis allergique à la grève  » s’est lâché, sans sourciller, le général Président !

Cet article 15 du code du travail stipule : L’Etat garantit la liberté et l’exercice du droit syndical, de même qu’il reconnait le droit de grève.

Voici, qui est, on ne peut plus clair.

Président putschiste ou Président élu, nul n’est au dessus de la loi. Une disposition qui ne donne d’ailleurs aucune marge de manœuvre à quiconque, de trucider à souhait la loi, en s’adjugeant de supers pouvoirs, pouvant jusqu’à s’autoriser à se substituer à la loi.

La volonté d’Oligui Nguema d’encaserner d’autorité, les prochains admis au concours d’entrée à l’école nationale d’administration, ENA, alors qu’aucune disposition réglementaire ne le prévoit, est un glissement du Gabon sur la pente escarpée de l’autoritarisme ciel ouvert, avec possibilité de faire son entrée dans le cercle très fermé des No man’s land,  où s’imposent avec une facilité déconcertante les éléments de langage du type: « la loi c’est moi, et moi c’est la loi », à l’image du Bongoland de triste mémoire, fraîchement déchu.

La moralisation de la vie publique et la culture de la probité professionnelle chez l’agent public, ne sauraient rimer avec caporalisation du fonctionnaire, par tous les moyens. Elles commandent plutôt aux dirigeants, de prêcher par l’exemple, en se départissant des pratiques de népotisme au sommet de l’Etat, en œuvrant à la rédistribution équitable des richesses nationales, en s’érigeant en artisan du travail décent pour tous, et donc, en émargeant dans des approches managériales aux antipodes de la menace à tout-va, comme mode de gouvernance.

Des pratiques retrogrades, à rebours des principes d’Etat de droit, où les devoirs et obligations de l’agent public, en particulier, et du citoyen, en général,  sont encadrés par des textes, et non, soumis aux caprices des apprentis Machiavel.

Que l’on ne s’y trompe pas, la République n’est pas une caserne militaire !