Responsabilité et devoir d’un gouvernant, boussole de son peuple.

Il est aisé pour tout Homme public hissé en responsabilité, et particulièrement pour tout acteur politique aux affaires, de clamer à gorge déployée son amour pour le peuple et pour son pays, surtout quand il tire aisément profit des avantages que lui procure son poste ou sa fonction. Cependant, bien d’indicateurs sociaux peuvent nous permettre de réellement apprécier la sincérité de ses déclamations, et partant, la sincérité de son ambition pour le pays et de son amour pour ses concitoyens.

Fort de ce qui précède et au regard de la non matérialisation de certaines promesses annoncées à grand renfort médiatique par le CTRI, nous sommes aises de pouvoir reprocher au Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions, CRTI, ainsi qu’à son Président, certaines lacunes de gouvernances politique, économique et sociale, qui pourraient menacer les équilibres du vivre-ensemble. Au nom du contrôle citoyen de l’action publique, il nous revient, en tant que citoyen, d’affirmer notre devoir d’exigence et le recul nécessaires, sans comparaison avec le passé, pour juger le CTRI sur la profondeur et la portée de ses actes.

Parmi les promesses du CTRI au goût d’inachevé, citons notamment la décision de rétablir la bourse d’études aux apprenants du secondaire, sous le prétexte louable de susciter l’excellence. Cependant, il est légitime de se questionner sur la pertinence de l’approche actuellement proposée par le CTRI, quand on sait qu’elle porte en elle, une zone d’exclusion sociale qui frappe de nombreux élèves ayant obtenu des moyennes oscillant entre 10 et 11 de moyenne trimestrielle. Comment alors espérer atteindre les objectifs initialement fixés par l’octroi de cette allocation aux relents d’aide sociale, si l’on en vient à s’éloigner du principe de soutien aux jeunes apprenants en difficultés, ayant fourni les efforts d’atteindre la moyenne, donc 10/20, hier encore, unique critère d’éligibilité ?

Au plan professionnel, la question de l’accès au salaire décent continue d’alimenter les conversations dans bien de secteurs d’activités. Comment alors, face aux « gagnes petit », parvenir à garantir l’accès aux minimas sociaux, c’est-à-dire, l’accès à au moins un repas par jour dans les familles, l’accès à l’eau potable à la pompe, l’accès aux commodités d’éclairage suffisant dans les ménages, l’accès à un environnement de vie moins anxiogène, notamment suscité par la cherté de la vie, avec la grimpée constante et incontrôlée des prix sur le marché ?

Il est également nécessaire de considérer le manque criarde d’infrastructures de base et de services, qui se signale entre autre, par un déficit en capacités d’accueil dans plusieurs secteurs névralgiques, à l’instar de l’éducation national, des hôpitaux publics, des universités et grandes écoles, des centres de formation professionnelle, de cadres d’épanouissement socio-culturel. Des manquements auxquels se greffe le déficit d’enseignants dans toutes les matières, outre celui des professionnels de santé, dont la faible représentativité numérique peut s’expliquer par la fermeture de nombreux centres de formation à l’intérieur du pays.

Cela dit, mettons le cap, sans transition, sur les résolutions du fameux dialogue pseudo-inclusif et national. En ma qualité de sentinelle de la République, j’en viens à me poser la question suivante : comment le CTRI et son gouvernement d’accompagnement, présenteront-ils cette « patate chaude » lors du prochain référendum, sachant que ces résolutions qui suscitent déjà la polémique, sont nimbées de clair-obscur ? Des questions telles que le vivre-ensemble, le coût de la vie, la santé, la justice, la future constitution, le sport, la culture et l’organisation de la vie politique sont toutes entremêlées dans un programme de gouvernance qui inclut également des questions constitutionnelles, culturelles et religieuses.

Puisque le référendum est un vote binaire, oui ou non, comment, dans ce cas de figure, un gabonais retraité, n’ayant pas encore bouclé les obligations administratives lui permettant de toucher sa pension, pourrait-il se prononcer en toute tranquillité et en toute sérénité, alors que les questions abordées ne répondent pas nécessairement à ses préoccupations immédiates ?

C’est pourquoi, les sentinelles de la République auxquelles j’appartiens, proposons une approche jugée plus raisonnable et plus efficace, qui consiste à diviser ces résolutions en trois catégories distinctes.

Premièrement : les questions de gouvernance sociale, reflétant le projet de société.

Deuxièmement : les questions relatives au code électoral.

Troisièmement : les questions relatives à la constitution.

Ces différents points devraient être proposés au peuple lors du référendum, de manière distincte, en vue de permettre au collège électoral d’accomplir son devoir de vote, en connaissance de cause.

C’est là, la responsabilité du gouvernant, qui aime son peuple, et qui affiche son ambition de bâtir une Nation forte et prospère.

Comme clap de fin, je nous exhorte à méditer sur cette assertion de Franz Fanon, je cite : « Chaque génération doit, dans une relative opacité, affronter sa mission, la remplir ou la trahir », fin de citation.

Nous, génération des sentinelles de la République, choisissons de la remplir avec détermination. »

* Giovani Lionel BOULINGUI « Sentinelle de la République »