Le sit-in et les barricades érigées par les femmes de la bourgade de Malinga, dans la province de la Ngounié, contre leur paupérisation planifiée : absence d’adduction en eau, déficit d’alimentation en électricité, absence de route carrossable, de structures sanitaires dignes de ce nom et d’école répondant à la norme, auxquels se greffe une surexploitation sauvage des essences forestières (bois), sans retombées locales en terme de sortie de terre d’infrastructures de développement, semblent visiblement avoir heurté les autorités locales. Signe des temps, leur sommation aux « frondeuses », sous la pression de la force publique, de déménager sans délai de leur site de protestation pacifique, sans retour d’ascenseur aux revendications portées en bandoulière par ces braves femmes paysannes.

Les autorités politico-administratives de la Ngounié-sud, semblent partager l’allergie à la grève. Leur invitation aux femmes de Malinga, à cesser tout mouvement de protestation contre la surexploitation du bois par le société GFT (Gabonaise Forestière de Transformation) qui, de surcroit, se refuse depuis plus de 4 ans à se plier à ses obligations contractuelles relatives à la Responsabilité Sociétale des Entreprise, R.S.E, questionne !

Les autorités politico administratives sont sorties du bois, après une semaine de grogne de ces femmes, avec pour théâtre de la contestation, la base-vie de la société GFT implantée en pleine forêt équatoriale, à 8 kilomètres de la commune de Malinga. Une réaction relativement musclée de l’autorité administrative, enregistrée dans la journée du mardi 4 juin 2024, après 8 jours de paralysie de l’activité économique de GFT dont l’écoulement du produit sur le marché a été stoppé net, avec l’interdiction faite à ses grumiers chargés de billes de bois de sortir de sa zone d’exploitation forestière, à la suite des barricades en matériaux de fortune, érigées sur place pour les besoins de la cause.

Une importante délégation conduite par le préfet de la localité et par le chef de cantonnement des eaux et forêts de la Ngounié, sous forte escorte policière, a débarqué sur le site de cette fronde sociale, en sommant les femmes de lever leurs barricades, sans préalable. Butées dans le rapport de force, au regard notamment de la forte présence numérique d’éléments de la gendarmerie nationale, chauffés à blanc, les femmes ont comme été résignées à baisser la garde, en décampant, contre leur gré.

 

Dans le simulacre de dialogue qui s’en est suivi entre les parties, aucun blâme n’a curieusement été porté contre la société indélicate, GFT, qui siphonne au nez et à la barbe des autorités gabonaises, les richesses de notre forêt, en refusant parallèlement de se plier aux obligations du cahier de charges, qui l’oblige pourtant à une implication manifeste dans le processus d’amélioration des conditions de vie des zones impactées par son activité d’exploitation forestière. Une surexploitation du bois, qui alimente pourtant à tour de bras et à coût de milliards de francs cfa par semaine, les caisses de la société GFT.  Des témoignages concordants d’habitants de Malinga, ce sont plusieurs centaines de billes de bois coupées, qui sortent chaque jour de cette zone d’exploitation forestière, sans que les populations autochtones n’en tirent profit.

Drôle de règlement de conflit, qui consiste à soumettre à pas forcés, au silence de cimetière, les victimes d’une injustice. Un espoir douché, qui laisse perplexes ces femmes gabonaises, vraisemblablement abandonnées à leur propre sort. « C’est à croire que l’essor vers la félicité promis, ne serait qu’une simple incantation politico-militaire », nous confiait dépitée, sous couvert de l’anonymat, l’une des victimes de cette injustice sociale.