Chapeau bas à nos martyrs dont le sang versé ensemence la course d’obstacles vers un vers Gabon démocratique, était la toile de fond de la traditionnelle célébration de la journée du 23 Mai, récemment commémorée à Libreville par le Parti Gabonais du Progrès, P.G.P, en mémoire à l’assassinat de son charismatique Secrétaire Général, Joseph RENDJAMBE ISSANI. 32 ans après, la journée du 23 Mai reste mémorable pour cette formation politique de l’opposition gabonaise.

Retour sur le discours in- extenso du Président du Parti Gabonais du Progrès, P.G.P, Benoit Joseph MOUITY NZAMBA

Hommage aux martyrs de la résistance gabonaise Nous voici réunis ce 23 Mai 2022 pour commémorer nos morts, martyrs du combat pour la libération de notre pays pour que les hommes et les femmes de notre pays puissent vivre en liberté, connaître la démocratie, la paix, la justice sociale et la fraternité, toutes valeurs bafouées sur le sol de nos ancêtres.

Le 23 Mai 1990 qui s’est imposé comme date historique, nous rappelle ce jour où fut lâchement assassiné notre premier Secrétaire Général, Joseph RENDJAMBE ISSANI. Tout juste un mois après la Conférence Nationale où ses talents d’organisateur hors pair, son sens aigu de la stratégie et de la tactique allié à sa volonté d’unir les diverses composantes de l’opposition (le FUAPO), ses talents oratoires innés servis par une voix de Stentor firent merveille. Personnage brillant et profondément patriote que ne pouvaient tolérer les ennemis du peuple gabonais, ces médiocres qui ont ruiné notre pays et l’ont mis à l’encan. Animé par une foi inébranlable en l’avenir d’un Gabon nouveau, libre, démocratique et fraternel, Joseph RENDJAMBE ISSANI représentait l’espoir que ne pouvaient tolérer les spadassins au service des intérêts de leurs maîtres. Les gabonaises et les gabonais lui témoigneront leur amour lorsqu’ils apprirent sa mort tragique, par d’immenses manifestations dans toutes les villes du Gabon et le P.G.P. son Parti affrontera hardiment les forces répressives du pouvoir qui arrêteront beaucoup de ses militants dont NANG BEKALE, Président provincial du Parti dans l’Ogooué Maritime, OGANDAGA TEBOUÉ, Didier PING et bien d’autres seront jetés en prison, tandis que certains ayant pris le maquis seront activement recherchés par des mercenaires lancés à leurs trousses avec comme mot d’ordre criminel ‘‘morts ou vifs’’. D’autres à l’extérieur du pays déploieront avec intelligence une activité de contact au plan diplomatique pour expliquer et mettre à jour la réalité politique du Gabon. Rôle éminemment joué par le Vice-Président du Parti, Marc Saturnin NANG NGUEMA. Nous ne l’oublierons jamais et saluons sa mémoire.

Nous n’oublierons jamais Alain DICKSON, si courageux, militant intrépide et bête noire du régime pour avoir dénoncé les criminels le même jour par mégaphone. Nous n’oublierons jamais nos frères et sœurs compagnons de lutte membres du FUAPO, l’Abbé Noël NGWA NGUEMA, le recteur Jean Pierre NZOGHE NGUEMA, le Président du MORENA, OYONO ABA et tant d’autres au coude à coude avec les progressistes et tous les compatriotes épris de paix et de liberté, sous la direction de notre Président bien-aimé Maître Pierre-Louis AGONDJO OKAWE.

Oui Maître, monsieur le Président, nous nous inclinons devant ta mémoire. Nous ne t’oublierons jamais. Persécuté comme Joseph RENDJAMBE par le régime néocolonial d’abord du temps de tes brillantes études supérieures à l’université de Lille, puis à la Sorbonne, tu te réfugies en Suisse pourchassé par les sbires du régime. Premier avocat gabonais, tu as affronté l’Ire du pouvoir pour ta défense des causes justes, aux côtés de l’épouse de Germain MBA, lui aussi assassiné par les mercenaires à la solde du même régime. Activité que tu as déployée à l’extérieur du Gabon, prenant à titre d’exemple la défense de Laurent GBAGBO, lui aussi en butte avec le pouvoir Ivoirien.

Arrêté et embastillé dans la tristement célèbre prison centrale de Gros Bouquet, tu connaîtras la torture dont tu garderas les séquelles jusqu’à la fin de ta vie.

Lutteur indomptable, démocrate passionné volant au secours des victimes de l’oppression même hors de nos frontières, nous ne t’oublierons jamais. Monsieur le Président, par milliers les gabonaises et les gabonais de neuf provinces du Gabon ont rejoint nos rangs, renforçant le Parti qu’avec RENDJAMBE, NANG NGUEMA, Christian MOUNGOUNGOU et bien d’autres vous avez porté sur des fonds baptismaux, rassemblant au sein du Parti des générations des militants, FANGINOVENY Jean Robert, NDONG RAVIRO Benoît, NGUEMBI Théotime, MABERT Laurent, GUISSOUEGOU Gérard, MAPAGA Jean Yves, OGANDANGA TEBOUÉ, MAMFOUMBI Henri, YENO Daniel, DEMOUENZI AGONDJO Vincent, MAYAGI Joseph, BAYONNE Sylvain, VUMBI MIHINDU Jean Charles, SAFOU Matthieu, MAMBOUNDOU Joséphine épouse ESSONGUE, OWONO ESSONO Fabien pour ne citer que ceux-là.

Votre Parti était aussi le Parti de la jeunesse à laquelle pensait NZOGHE Anselme membre du Bureau National, notre cher Anselme lorsqu’il citait l’écrivain français Georges BERNANOS : « Il faut beaucoup de prodigues pour faire un peuple généreux, beaucoup d’indisciplinés pour faire un peuple libre et beaucoup des jeunes fous pour faire un peuple héroïque ». Ou encore : « c’est la fièvre de la jeunesse qui maintient le reste du monde à la température normale. Quand la jeunesse se refroidit le reste du monde claque des dents. » Fin de citation.

Je pense notamment au PARI, membre du P.G.P d’où était issu le jeune député Anaclet BISSIELO qui s’illustrera à l’Assemblée dans les débats face aux aînés politiquement plus aguerris, à la huitième législature, historique législature à laquelle nous devons la constitution de 1991 votée à l’unanimité et qui sera malheureusement triturée par la suite au gré des intérêts du pouvoir. C’est ici le lieu de rendre l’hommage mérité à l’un des animateurs emblématiques du PARI, au sein du PGP, Maître Fabien MERE mort au combat pour la liberté, organisateur et animateur de la Résistance au sein de la diaspora gabonaise en France. Maître Fabien MERE restera un modèle pour les jeunes générations.

Il se trouvera sans doute des gens pour réclamer l’oubli des sacrifices, des meurtres opérés dans notre pays ou qui souhaiteraient qu’on n’en parle plus. Non, ni silence complice accommodant pour certains ni silence de capitulation. La violence tue au nom de la préservation du pouvoir. Cette violence, nous la dénoncerons et la combattrons toujours car cette violence-là, broyeuse des vies est liée au pouvoir néocolonial.

Quelques Rappels Historiques

-1993 – 1994 : L’élection Présidentielle Post conférence nationale verra la victoire du Père Paul MBA ABESSOLE face au candidat Omar BONGO. L’imposture s’imposera par la force des armes bombardant Siloé où habitait le Père Paul MBA ABESSOLE et détruisant avec des chars radio liberté, organe d’information du RNB. Violence politique avec perte des dizaines de vies humaines. Une grande figure de l’histoire de notre pays marquera la conscience des citoyennes et des citoyens. Madame Pauline NYNGONE, démissionnera de son poste prestigieux de gouverneur de l’Estuaire n’ayant pu proclamer les résultats officiels de la province la plus peuplée du Gabon largement acquise au Père Paul MBA ABESSOLE.

Violence, oui Violence !

-1998-2005 : Même scénario. Pierre MAMBOUNDOU MAMBOUNDOU l’emporte. L’imposture maintiendra le statu quo réactionnaire. Des manifestations massives ont lieu dans presque toutes les provinces, des massacres à Libreville, Port-Gentil en particulier.

Violence, oui violence toujours.

-2009 : La victoire de MBA OBAME est sans conteste. Répétition des mêmes pratiques criminelles. Des morts et l’exil politique des dirigeants de l’UN à l’ambassade du PNUD à Libreville.

Violence, encore violence toujours.

– 2016 : Triomphe du candidat unique de l’opposition, Jean PING OKOKA. Le scenario criminel est mis en place. Bombardement du QG du candidat Jean PING. Massacre à grande échelle, saccage des lieux. Des citoyens désarmés hommes, femmes souvent très jeunes pour la plupart sont tombés sous les balles des bandes criminelles déchainées.

Violence, violence toujours !

Nous ne pouvons oublier nos martyrs. Non, nous ne pouvons les oublier. Ils sont les martyrs d’une juste cause, la liberté pour notre peuple grâce à l’alternance au pouvoir d’État. Nous nous inclinons devant leur mémoire. Ils représentent la tradition gabonaise d’honneur et de dignité.

Depuis quelques années, d’autres formes de violence inconnues jusque-là apparaissent dans notre pays – Les agressions, les vols avec violence et pire, les crimes dits rituels inconnus dans nos cultures nationales. Des rapts, des disparitions inexpliquées, cas du jeune Rinaldi, garçonnet de trois ans au moment de sa disparition en janvier 2020 au village Abé-Eba à 27 kilomètres de Bitam qui demeure introuvable jusqu’à nos jours.

Corps mutilés d’enfants, d’hommes et de femmes sans qu’aucune n’enquête n’en fasse la lumière. Bien au contraire des menaces sont proférées à l’endroit des lanceurs d’alerte par les autorités publiques censées protéger les citoyens contre ces actes barbares. Ces lanceurs d’alerte ont le tort de s’indigner et d’en appeler à l’action publique pour y mettre fin.

Le Parti Gabonais du Progrès ne peut rester indifférent devant une telle situation révoltante. Il appelle les gabonaises et les gabonais à se dresser contre ce phénomène et à la plus grande vigilance sans céder à l’absurde loi du talion. Notre salut viendra de la république des citoyens fondée sur les valeurs d’unité et de respect de la personne humaine. Valeurs qui inspiraient la résistance de notre peuple à la violence coloniale car l’entreprise coloniale était une entreprise de domination par la violence pour le contrôle des territoires, des hommes et des richesses. Nous savons tous que les différents peuples du Gabon opposèrent la résistance la plus farouche à cette pénétration coloniale sous la conduite d’illustres personnages :

– EMANE TOLE dans la région de NDJOLE ;

– MBOMBE qui dirigera l’insurrection armée des populations de Mimongo, Mouila et Mbigou ;

– NYONDA MAKITA, MAVURULU à Mokabe et Moabi ;

– ODENE MBOGO du village Mibeng résistant du Woleu-Ntem contre les troupes allemandes lors de la deuxième guerre mondiale. Capturé après avoir tué près de deux cents allemands, il sera décapité. Et selon l’histoire racontée, sa tête sera emportée et remise à Hitler. Après la victoire des alliés un riche américain se l’adjugea et l’emporta aux USA ;

– BOY MBOKA MBOKA en pays Kwelé comme TSETSE MBENO en pays Kota menèrent la résistance dans l’Ogooué-Ivindo ;

– WONGO en pays Awandji-Aduma s’opposa vaillamment aux troupes coloniales françaises.

Tous ces résistants connurent la mort violente – mort en déportation, cas d’EMANE TOLE, décapité cas d’ODENE MBOGHO ou dans des sordides prisons cas de NYONDA MAKITA et MBOMBE.

L’indépendance nominale de 1960 peut être considérée comme une concession de l’ordre colonial en butte à la lutte opiniâtre des peuples d’Asie et d’Afrique. En Asie, la victoire du Peuple Vietnamien à Diên Bién Phû, ainsi que la lutte du Peuple Laotien. En Afrique, la victoire du Peuple algérien ou celle au Cameroun, sous la direction de l’UPC et la lutte du Peuple malgache pour ne citer que ces exemples.

Indépendance nominale, indépendance octroyée qui détermine la nature de l’État qui en résulte avec ses contradictions et ses tares congénitales. Il faut cependant à la vérité reconnaître l’attachement à l’idée de l’intérêt général qui animait l’élite post coloniale directe, l’idée de créer une nation pour tous, sans exclusive. Tout le contraire du Gabon d’aujourd’hui. Il n’est que de se souvenir de leur engagement total dans leurs missions régaliennes : le Gabon de Léon MBA, Paul Marie YEMBI, René Paul SOUZATE, Louis BIGMAN, Jean Jacques BOUCAVEL, Paul Marie GONDJOUT, Jean Marc EKOT, Jean François ONDO, Eugene AMOGHO, JOUMAS pour ne citer que ceux-là. Ils aimaient passionnément leur pays et n’étaient habités ni par l’esprit étriqué de clan, de tribu ou de quelconque coterie quoiqu’on puisse penser de leur politique et de leurs attaches pour quelques-uns d’entre eux avec les lobbies coloniaux et néocoloniaux plus tard. Ils pensaient Gabon et agissaient Gabon.

La preuve, l’intérêt qu’ils portaient à la formation des jeunes dans des établissements primaires et secondaires dignes de ce nom au lieu du triste spectacle offert aujourd’hui dans ce domaine.

La preuve, le réseau routier régulièrement entretenu grâce à l’existence et à l’activité des subdivisions régionales des travaux publics dotés des moyens conséquents pour l’époque.

La preuve, le système sanitaire faisant la promotion de la santé publique de masse avec ses groupes mobiles actifs et pénétrant jusqu’au fin fond de nos forêts, ce qui permettait de lutter contre les grandes endémies de l’époque. Parallèlement, des hôpitaux étaient dotés des moyens en particulier des médicaments gratuitement distribués aux populations.

Entendons-nous bien. Quelques esprits étroits verront dans cette évocation l’expression d’un quelconque passéisme. Il s’agit tout simplement pour nous de reconnaître les mérites de ceux qui ont précédé la classe dirigeante actuelle à l’origine du naufrage de notre pays.

Enfin, après trente-deux ans de multipartisme de façade nous enregistrons encore des prisonniers d’opinion. Le fait de démissionner d’un Parti Politique, le Parti au pouvoir, devient un délit. C’est le cas pour Bertrand ZIBI. Député de son État, il avait osé dénoncer les abus du pouvoir et démissionner du PDG, raisons pour lesquelles ce même pouvoir le maintien arbitrairement en prison depuis six ans. Il a notre soutien et notre affection.

Le fait d’être responsable syndical et de défendre les intérêts des travailleurs qui lui font confiance est la raison pour laquelle notre frère Jean Remy YAMA croupit en prison avec le risque qu’il y laisse sa vie compte tenu de son état de santé. A nouveau, nous exigeons sa ~ 8 ~ libération sans condition ainsi que l’annulation de la décision inique le radiant de la fonction publique. Il a lui aussi notre soutien et notre affection.

Bertrand ZIBI et Jean Remy YAMA n’ont rien à faire dans des cellules sordides de la prison de Gros Bouquet.

Devant la situation de naufrage ainsi décrite, celle que traverse notre pays, devant l’état de violence, violence sous toutes ses formes (politique, économique, sociale, …) nous n’avons pas d’autres choix que de résister pour le respect de nos droits et pour la souveraineté de notre pays. Résister s’impose comme un impératif catégorique, d’intérêt national. Notre salut viendra de la lutte collective de larges couches du peuple contre la minorité des compradores au service des intérêts étrangers et, plus grave, dirigés par des aventuriers de tout bord qui pillent sans vergogne les richesses nationales du sol et du sous-sol, pillent à volonté le trésor public.

Par son vote historique du 27 août 2016, le peuple gabonais a été clair, très très clair. Il le prouve encore aujourd’hui en soutenant Jean PING OKOKA son Président librement élu. La voie du peuple gabonais doit être entendue et son choix respecté. La souveraineté du peuple gabonais doit s’imposer à tous.

Nous, militants du Parti Gabonais du Progrès (PGP) suivons cette voie et rien ne nous en détournera. Avec les patriotes et les démocrates sincères nous maintiendrons l’unité des forces démocratiques autour et avec Jean PING.

NOUS VAINCRONS !

Benoît-Joseph MOUITY NZAMBA, Président du PGP

mazleckinfo@mai2022