L’annonce de la création d’un nouveau parti politique par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, prévue officiellement pour le 28 juin 2025, soulève de nombreuses interrogations dans le contexte actuel de la vie politique gabonaise. En effet, cette initiative intervient dans un climat marqué par des événements majeurs qui, mis bout à bout, esquissent un retour inquiétant aux pratiques politiques que la population croyait révolues après la chute du régime Bongo.
Il est difficile de ne pas voir dans ce parti une opération de cosmétique politique destinée à donner une légitimité électorale à un pouvoir militaire en quête d’habillage démocratique. Ce qui frappe d’abord, c’est la composition annoncée de ce futur parti : un recyclage à peine voilé des cadres du Parti Démocratique Gabonais (PDG), ceux-là mêmes qui ont contribué à l’effondrement systémique du pays, par leur incompétence, leur clientélisme, et leur mépris des intérêts nationaux. Le fait que le président de transition continue de s’appuyer sur ces mêmes figures laisse peu de place à l’espoir d’une rupture véritable.
À cela s’ajoutent des faits politiques récents qui entament sérieusement la crédibilité du discours de rupture affiché en août 2023 :La libération dans l’ombre de Sylvia Bongo et de son fils Nourredine, et leur installation en Angola dans un exil aux allures de récompense déguisée, ont un goût amer pour un peuple qui attendait justice.
La question territoriale avec la perte dans un silence assourdissant des îles Mbanié, Cocotiers et Conga, constitue un camouflet géopolitique et un traumatisme national.
Enfin, les destructions massives de logements populaires, sans véritables plans de relogement ni mesures d’accompagnement dignes de ce nom, ont achevé de creuser le fossé entre les promesses de réconciliation et la réalité du terrain.Dans ce contexte, croire que ce nouveau parti politique est porteur d’un projet de refondation sincère relève d’un optimisme aveugle, voire d’un cynisme calculé. Toutefois, force est de constater que la mémoire collective gabonaise est aussi courte que sélective. Les Gabonais, dans leur immense majorité, se laissent encore trop souvent séduire par des artifices : un peu d’argent, quelques promesses de postes ou de faveurs sexuelles, des sacs de riz ou une fête bien orchestrée suffisent à faire basculer des opinions.Ce manque de conviction politique, cette absence de colonne vertébrale idéologique dans la société gabonaise, est profondément ancré. Peu de citoyens s’engagent réellement dans la vie publique avec des principes et une vision à long terme. La majorité navigue à vue, au gré des intérêts immédiats et des logiques de survie, ce qui rend le terrain politique facilement manipulable par ceux qui détiennent les leviers économiques et médiatiques.En résumé, ce nouveau parti pourrait bien prospérer non pas parce qu’il incarne une nouvelle espérance, mais parce que le peuple, accablé de désillusions, n’a pas encore trouvé le ressort collectif pour s’émanciper de ses vieux réflexes. À court terme, les législatives et les locales de septembre pourraient lui offrir une majorité de façade, mais à moyen et long terme, le risque est grand de reproduire les mêmes dérives, avec les mêmes visages et les mêmes méthodes.
Il ne suffit pas de changer le nom d’un parti ou de s’habiller en treillis pour incarner le renouveau : il faut changer la culture politique, les mentalités et surtout les pratiques. Or, jusqu’à présent, tout indique que le changement tant espéré tarde encore à venir.
Bien à toi
Source: Internet.




