Les vieilles habitudes ont la vie dure, nous renseigne un adage populaire. Visiblement nostalgique de son passif de Parti-Etat, du temps des heures sombres du Parti unique, et des parlements monocolores à son bénéfice, issus de coups d’états militaro-constitutionnels post-conférence nationale de 1990, voici que le Parti Démocratique Gabonais, le PDG fraichement déchu par les militaires du CTRI, s’adjuge en pleine transition politique, en plus de la Présidence de l’Assemblée nationale, toutes les instances de gouvernance interne, à l’instar des Commissions parlementaires et des commissions d’enquêtes, et ce, au mépris de toutes les sensibilités politiques constituant le corps de l’institution. Atavisme du « Parti unique », quand tu me tiens !
« Tout pour nous, rien pour les autres », cette lugubre illustration de boulimie du pouvoir, caractéristique de l’ADN PDG, que l’on croyait naïvement enterrée avec l’avènement de la transition politique au Gabon, semble, malheureusement, avoir encore de beaux jours. Et c’est en bombant les biceps que le Parti Démocratique Gabonais, déchu, nous le fait savoir, en séquestrant, sans sourciller, tous les leviers de gouvernance au sein de l’Assemblée nationale de transition. La présidence de l’institution échoit, en dépit des levées de boucliers suscitées par cette désignation, à un de ses cadres politiques au passif sulfureux, sieur Jean François NDONGOU. Ancien ministre de l’intérieur d’Ali BONGO, qui, de mémoire des gabonais, est rangé dans la liste noire des personnalités politiques ouvertement impliquées dans la répression dans le sang des gabonais, dans la fièvre du hold-up électoral d’Ali BONGO, au terme de la présidentielle d’août 2009. D’où l’indignation collective qui s’est emparée de l’opinion à la suite de cette curieuse élévation en dignité, d’un des irréductibles « bourreaux du peuple gabonais ». Elévation qui contraste avec l’engagement pris la main sur le cœur par les militaires du CTRI au moment de leur prise du pouvoir, qu’ils ont motivé par leur souci de restaurer la dignité des gabonais !
En bon pédégiste endurci, qui n’en a que cure du respect de l’expression du pluralisme politique colorant de l’Assemblée nationale de transition, Jean François NDONGOU s’est autorisé, contre l’avis des autres députés non pédégistes, à nommer d’anciens apparatchiks du PDG à la présidence de toutes les commissions parlementaires. L’homme a usé de son pouvoir discrétionnaire, en narguant au passage les voix contraires invitant à la prise en compte des collègues représentants la société civile et les partis politiques de l’opposition.
Les présidences des cinq commissions parlementaires de l’Assemblée nationale de transition : Droits de l’Homme ; Santé ; Finances ; Affaires étrangères ; Education, sont toutes, prises en otage par des pédégistes, qui vouent ainsi les députés issus d’autres sensibilités politiques, à jouer les seconds rôles.
Cette boulimie du pouvoir, de sources concordantes, entacherait également la répartition des rôles et le partage des responsabilités au sein des commissions d’enquêtes mises en place, dont celles portant sur les dossiers sensibles que sont : le contrat de dupe autour de l’exploitation du fer de Belinga, la faillite visiblement programmée de la société nationale des bois de Gabon, SNBG, et sur la gestion scabreuse du Fonds gabonais d’investissement, FGI, mué en caverne d’Ali baba du temps du règne des voyoucrates de la tristement célèbre « Young Team », dont Nourredine BONGO VALENTIN est caricaturé en « chef de gang » .
Aux mêmes causes, les mêmes effets. A cette allure, tous ces dossiers brûlants courent le risque de s’éterniser dans les tiroirs du parlement, tant les pédégistes n’ont de cesse fait profession de « tisser la toile de Pénélope », en biaisant l’aboutissement d’enquêtes sérieuses. Aux mains des pédégistes, l’Assemblée nationale de transition n’est pas loin de se transformer en simple chambre d’enregistrement du CTRI.